Jusqu’à la fin de 1973 nos films étaient avant tout des reportages sur des événements d´actualité : guérillas, révolutions, guerres.
Auparavant, depuis 1952, plus de cent articles et reportages photos traitaient, comme les films, presqu’exclusivement des problèmes du Tiers Monde. Pendant plus de vingt ans, nous avons été témoins de l’influence destructrice exercée sur les peuples du Tiers Monde par l’impérialisme culturel et économique des pays industrialisés. Nous connaissions par exemple des pays comme le Yémen avant leur sous-développement. Nous avons constaté que c’est à partir du moment où ils ont été soumis aux lois du commerce mondial que s’est installé le sous-développement : leur économie s’est alors organisée en fonction des besoins des grandes puissances économiques.
Nous avons étudié des cultures dont le développement propre a été bloqué parce qu’on leur a imposé la civilisation occidentale comme mesure de toutes choses. De plus, les dirigeants de ces pays avaient honte de leur peuple tant que celui-ci n’était pas devenu une caricature de peuple blanc.
Nous avons vécu combien l’ethnocentrisme occidental et la foi aveugle dans le soi-disant progrès rendent impossible la compréhension de civilisations étrangères. Cet ethnocentrisme et cette foi dans le progrès sont responsables du chaos politique, culturel et économique des pays du Tiers Monde.
Pour débattre de toutes ces expériences nous avons commencé en 1974 une série de films: Au nom du progrès.