Togo, 1979

Nous admettons volontiers qu’il y a dans ce titre une certaine provocation et dans le film une intention polémique. Pourquoi se refuser à le dire – avec une certaine malice – aux féministes du monde occidental? La situation de la femme africaine ne doit pas être jugée en fonction de notre système de valeurs. Ce sont d’ailleurs les femmes africaines qui le disent – et fort bien – avec des arguments dont nous n’aurions jamais eu l’idée nous-mêmes.
La polygamie africaine n’est en rien comparable à l’institution du harem et encore moins à 1’idée que nous nous en faisons. Rien de commun non plus avec notre système de polygamie « cachée » que les Africaines en contact avec notre monde ont fort bien décelé.
La femme africaine vivant la polygamie ne se soucie ni de mariage d’amour (invention européenne relativement récente) ni de passion (invention occitane du XII° siècle) ni de jalousie. La polygamie lui permet d’être indépendante sur le plan économique et d’organiser sa vie à sa guise avec la plus grande liberté possible, vu ses obligations domestiques. La femme africaine n’attend pas 1’arrivée d’un homme dans sa vie pour prendre conscience de sa propre personnalité. Son indépendance financière est telle qu’elle peut toujours réintégrer son clan d’origine. Elle retrouve, là aussi, 1’autonomie que lui garantit son avoir personnel et qui lui donne une position sociale inférieure en rien à celle de ses sœurs européennes.
Nous avons pris un grand plaisir à leur donner la parole. Leur discours prouve que les féministes occidentales qui croient avoir pour mission de « libérer » la femme africaine ne sont pas moins ethnocentristes que ne 1’étaient – avant elles – les hommes colonialistes.

Titre original: Vom Nutzen der Vielehe
Réalisation: Gordian Troeller, Marie-Claude Deffarge
Collaboration: Ingrid Becker-Ross
Caméra: Gordian Troeller
Son: Stanislas Choco, Elmar Schmidt
Montage: Ingeburg Forth
Couleur
43 minutes

Ce film n’est disponible que dans sa version allemande.