Bolivie, 1980

Selon la manière dont les hommes comprennent le christianisme, la condition et le mode de vie des femmes a pu prendre des caractères très différents. C’est ce que montre ce film tourné en Bolivie, où coexistent deux modèles de communautés chrétiennes que tout oppose. Les Mennonites, d’origine européenne protestante, à la morale austère et intransigeante, vivent en colonies agricoles qui tournent le dos au « progrès » . Ils représentent un protestantisme archaïque et radical, où la famille de type patriarcal joue un rôle essentiel. A l’opposé, le catholicisme présente des formes d’expression plus diversifiées. Tantôt il s’assouplit à l’extrême pour durer dans ces bidonvilles où règne machisme et misère ; tantôt il se plie, non sans hypocrisie, aux besoins de l’homme des milieux bourgeois. Dans ces milieux, le mariage est un acte primordial de la vie d’une femme. Cela n’empêche pas les hommes de s’attribuer une liberté sexuelle propre à démontrer leur virilité alors qu’ils exigent des femmes qu’elles restent pures et leur soient soumises. Dans les milieux pauvres, il n’est pas rare que les hommes prennent le large. Les femmes assument alors seules la charge des enfants.
En conclusion : au rigorisme protestant et puritain des Mennonites s’oppose un catholicisme plus ou moins licencieux où les hommes font de la femme, en fonction de leurs besoins, une sainte ou une putain.
L’étonnant, dans ce film, est la juxtaposition du monde des Mennonites, poétique et irréel dans son archaïsme, et de la galaxie des bidonvilles où les relations familiales traditionnelles se désintègrent, dans un grouillement aussi cruel que chaleureux.

Titre original : Von Zucht und Unzucht
Réalisation : Gordian Troeller, Marie-Claude Deffarge
Collaboration : Ingrid Becker-Ross
Caméra : Gordian Troeller
Son : Ingrid Becker-Ross, Elmar Schmidt :
Montage : Ingeburg Forth
Couleur
43 minutes

Ce film n’est disponible que dans sa version allemande.